
Le paradigme de la maternité est universel. Mais il est également, je pense, assez consensuel. Nous sommes en 2020 et encore aujourd’hui, la parole des mères a du mal à s’élever de par les pressions familiale, sociale et sociétale. On part du principe que “t’as voulu un gamin, occupe t’en, t’as rien à faire de la journée, tu restes à la maison, alors c’est pas compliqué et ferme ta gueule”. Et puis c’est dans la nature, les femmes s’occupent des enfants depuis la nuit des temps, point. Ok, ok, c’est peut être violent mais c’est néanmoins la réalité et ce que pensent beaucoup. Il est difficile pour beaucoup de femmes, et plus particulièrement de mères, de dire, d’oser dire ce qu’elles pensent vraiment, ce qu’elles ressentent réellement. Non ! Le jour où son enfant nait n’est pas forcément le plus beau jour car un accouchement c’est extrêmement compliqué, extrêmement dur, mais n’oublions surtout pas de sourire sur les photos parce que tant que le bébé va bien alors, tout va bien. Et la mère dans tout ça, on en parle ? Non, elle a juste servi à porter un enfant pendant 9 mois, avoir un corps qui a possiblement fait tout et n’importe quoi, puis à expulser de son corps, cet être assez grand, voire gros, mais surtout, tais toi, c’est ton enfant, c’est le plus jour de ta vie, tu n’as point droit à la parole. Je ne parle même pas de la culpabilité. Il n’est pourtant pas si anormal d’en avoir ras la casquette. De ne pas toujours avoir envie de faire passer les envies de ses enfants, de ne pas toujours penser à eux et je vais même aller plus loin, de ne pas les aimer de manière inconditionnelle dès leur naissance. Oui oui, messieurs, dames, ce sont des choses qui arrivent bel et bien et ça ne sert à rien de culpabiliser au possible la maman avec ça parce que soit elle ne le dira pas, ayant trop honte, soit elle n’aura ABSOLUMENT pas besoin d’entendre des remontrances.
Bref, voilà un petit avant propos. Et pourquoi ça ? Parce que certains livres amènent à une réflexion. J’ai déjà approfondi plusieurs sujets grâce à des bouquins, cela mais il me paraissait important de faire une petite entrée à la matière avant de vous parler de l’histoire en elle même, voilà qui est fait.

Ce livre met en avant une maman célibataire, une épouse seule, mais avant tout une femme qui s’est perdue en chemin et qui va essayer de se retrouver voire même de se trouver, Amy. Le début est plein d’émotions, de (tristes) réalités et de justesse. On ressent la réelle souffrance d’une femme et d’une mère qui se fait lâchement abandonner par son mari, John, voilà 3 ans de cela, la laissant avec Cory, sa fille et Joe, son fils (notez que j’utilise “sa” et “son” et non pas “leur” comme pronom). On ressent, découvre, partage la pression qu’une femme, qu’une épouse, qu’une mère peut avoir sur les épaules. On anticipe sa libération, l’acceptation et le lâcher prise.
Plusieurs passages dans ce texte sont très prenants, tendent vers le désespoir réel d’une mère à bout, la goutte d’eau qui a fait que tout a commencé à partir en vrille. C’est raconté avec une telle justesse qu’on éprouve sa détresse, ce à quoi elle a du faire face. J’ai été bien évidemment très touchée. Faire face quand on n’a pas le choix, vraiment pas du tout le choix, ou tout du moins, un choix radical ou un seul autre. Le parallèle parfois fait avec John n’est, pour moi, pas légitime. Il est parti et Amy n’a pas eu le choix, du moins, les choix qui se présentaient à elle étaient tous plus durs les uns que les autres. Mais parce que c’est une femme, elle a assumé ce que bon nombre d’hommes ne feraient pas forcément (attention, je ne dis pas TOUS les hommes, mais bon nombre). Je pense que l’auteure, Kelly Harms, a connu de près ou de loin ce qu’est le célibat avec enfant pour en parler comme ça ou alors je me plante totalement et elle est vraiment super douée.
Chaque début de chapitre commence avec une lettre de Cory, dans son journal d’été, une ado de 14 ans très mature pour son âge.

En ce qui concerne le livre en lui-même, le début est quand très long. Il faut attendre plus de 40% du bouquin pour découvrir ce qu’est cette histoire de “mamancipation”. Il y a pas mal de longueurs, l’histoire est assez “molle”, le rythme plutôt plat. Bien que les sujets soient traités correctement, j’avoue m’être un peu ennuyée et avoir vu le temps passer, malgré une plume agréable.
En revanche j’ai apprécié que John puisse s’exprimer et nous laisser entrevoir les raisons de son abandon. Alors certes, chacun ou chacune peut décider de pardonner mais c’est le chemin vers l’explication et la compréhension qui m’a plu, car il ne s’est pas juste barré pour le plaisir. J’aurais néanmoins apprécié que ce soit un peu plus détaillé et approfondi.

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