Le monde de Camille, 25 ans, s écroule lorsqu elle se découvre enceinte de l homme avec qui elle partage ses nuits mais pas beaucoup plus.
« Le plus gros engagement qu on ait pris ensemble, c était de se dire qu on s appellerait en fin de semaine. C était quand même un mardi. […] C est beaucoup plus que sexuel, c est beaucoup moins qu amoureux. C est nos culs entre deux chaises… »
Son amant claque la porte en apprenant la nouvelle. Commencent alors pour elle douze semaines d hésitation, entre réunions avec ses amies, rencontres houleuses avec sa famille, et rendez-vous médicaux. Camille fait des listes de « pour » et « contre », désespère en montant les sept étages qui la mènent à sa chambre de bonne, et pleure quand un de ses yaourts vient s écraser en bas… Le temps file mais elle ne parvient pas à faire son choix : garder l enfant et l élever seule, ou s en séparer et tenter de reprendre le cours normal de sa vie ?
Camille Anseaume signe, avec une justesse remarquable, un très joli roman sur le passage à la fois douloureux et réjouissant d une existence à une autre. Un récit plein de poésie, tendre et drôle, qui décrit finalement plus la venue au monde d une mère que celle d un enfant.
Le résumé m’a attiré de suite avec un sujet qui me tient particulièrement à cœur, on est toutes passées par là ( bon presque toutes ok, la capote qui à un couac ça vous dit rien??) avec ce fameux bâtonnet blanc attendant la sentence, en se mettant à prier n’importe quel dieu de n’importe quelle religion pour qu’il y est au moins un qui nous entende.
Et bien c’est ce qui arrivé à Camille, qui à 24 ans se retrouve penché au dessus de ce bâtonnet qui à le pouvoir de la détruire ou de la rendre heureuse.
Il suffit d’une nuit pour que tout bascule dans le bon sens ou dans l’autre, au choix, il suffit de l’apparition de deux traits pour que l’homme prenne la fuite ou prenne la décision “on ne le garde pas”.
Camille nous raconte avec ses mots à elle, avec humour, avec tristesse, avec la lourdeur de ses seins, avec cette indécision ces semaines de réflexion, passant du déni à l’acceptation.
Car oui, un petit paragraphe de la loi nous autorise à interrompre une grossesse non souhaité, ce petit bout de papier à remplir comme une formalité administrative, ces 7 jours de réflexion, ces 12 semaines de délai légal.
Cet intrus, ces deux traits non désirés, ce polichinelle, cette erreur de parcours, cette cellule, ce bébé qui au final n’a rien demandé, peux t’on en vouloir à ce spermatozoïde qui a osé s’introduire dans cet ovule accueillant ?
Qui n’a jamais souhaiter que la DeLorean à remonter dans le temps du Docteur Emmett Brown existe, recommencer à zéro et s’arrêter au premier orgasme et ne pas tenter le 2eme sous peine d’oublier d’utiliser une capote.
Camille ne s’apitoie pas, elle pleure, elle demande conseil, affronte ces parents, elle voudrait qu’une personne prenne la décision à sa place et en même temps elle aimerait qu’il n’y est pas de décision à prendre. D’ailleurs, pourquoi pas le garder ?
enfin vient le moment de l’acceptation, le doute n’a plus sa place, mais l’angoisse, l’inquiétude d’être une bonne mère sans la présence du papa, apprendre à jouer les deux rôles.
Heureusement, elle peut compter sur ses amies, ses sœurs qui l’accompagne jusqu’au moment de la délivrance, caresser du bout des doigts ce petit visage tant imaginé.
Et puis ce “tout petit rien” qui devient “ce petit tout”.
La plume de l’auteur est fluide, agréable, le ton est donné dès les premières lignes, Camille nous fait partager ses peines, sa grossesse, ses joie sans tomber dans le mélodramatique, on ne pleure pas à chaude larme, elle utilise cet humour parfois cynique pour cacher son désarroi.
Camille reste touchante, émouvante malgré son ton léger pour aborder le thème de l’avortement qui peut-être en fera grimacer plus d’un, c’est sa manière bien à elle de réagir quand d’autre pourrai pleurer, sombrer, s’apitoyer.
C’est le parcours d’une femme avec un choix à faire, un choix que beaucoup de femmes auront à faire, qu’importe le résultat.
Il n’y a pas de bon moment pour être mère ou être père, ça arrive tout simplement et on fait avec……ou pas.
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